La Centrafrique, pays de basket s’il en est, est un habitué de l’Afro-basket. Mais depuis un peu plus d’un quart de siècle, nous sommes tentés de croire que la RCA serait maudite par les Dieux des sports et abonnée à la 6ème place. Les années se suivent et se ressemblent pour le sport roi du pays. Les Championnats d’Afrique ( Afrobasket ) se déroulent et les piètres résultats des fauves se suivent. En effet depuis notre dernière victoire à TUNIS en 1987, nos populations n’ont plus eu le privilège et la joie de soulever la princesse « YASSI TOUNGOU »
Comment peut-il en être autrement si la gestion, l’encadrement et la préparation de notre équipe nationale sont confiés à des incompétents pour la plupart, des médiocres pour certains, des incapables? La majorité des dirigeants sont des amateurs imbus de leurs personnalités. Comme tout ce qui se passe dans ce pays, c’est le perpétuel recommencement. L’improvisation est érigée en méthode officielle de gestion des sports.
Tous les deux ans, les mêmes Noms surgissent ; la même instance sportive, le Comité National Olympique et Sportive Centrafricain (CNOSCA) pour ne pas le citer sort de son trou, de sa léthargie pour soit disant préparer la participation des fauves du basket à l’Afrobasket ; les mêmes questions récurrentes d’assurances des athlètes, leurs primes, la problématique de leur regroupement, les frais de transport…se posent sans qu’aucune solution ne soit esquissée par les responsables ?
Deux années après la campagne de Madagascar où nous avons terminé à la 6ème place, le basket Centrafricain sans tirer les leçons de cette dernière campagne, retombe dans ses travers du passé par manque de volonté, de vision, par l’incapacité et l’aveuglement des instances sportives nationales (Ministère de la Jeunesse et des Sports ; le Comité National Olympique et Sportif Centrafricain ; la Fédération centrafricaine de basket) et aussi par l’absence de transparence dans la gestion.
Ces dirigeants et responsables ont souvent la malhonnêteté et le courage de présenter un bilan qui relaierait aussi bien les résultats sportifs que financiers.
Dans tous les cas, il conviendrait de poser les bonnes questions pour arriver à un moratoire permettant de tirer les leçons d’une expérience malheureuse nous ayant privés de nos meilleurs joueurs frustrés par leur tâtonnement et qui se perpétue.
Au moment où les résultats des fauves basket ne correspondent pas aux sacrifices consentis aussi bien par les athlètes que par l’État, les instances sportives nationales devraient être en première ligne pour donner à nos populations les causes réelles de nos échecs renouvelés. La suite logique de ces échecs répétés est la démission des dirigeants défaillants ; encore faudrait-il qu’ils soient courageux et humbles pour passer le relais.
Savoir rendre compte de ses actions et savoir se remettre en cause n’est point le fort de nos dirigeants sportifs par méconnaissance. Est-il nécessaire de souligner que les principaux responsables du CNOSCA n’ont jamais pratiqué ou à peine ?. Combien de licenciés la Fédération de tennis de table peut-elle revendiquer sur les 10 dernières années? . Et celle de gymnastique ? . Ces deux fédérations organisent-elles régulièrement un championnat ? Combien d’athlètes ont ils fait éclore dans leur programme successif de formation ?.
Ce sont pourtant les Présidents de ces fédérations qui ont la charge du développement et de l’essor des sports en Centrafrique, et ce depuis près de deux décennies. Peuvent-ils encore avoir quelque défis à relever après tant d’années de « sur place » pour ne pas dire de recul ? . Pensent-ils un seul instant passer le relais en bon sportifs ?. Le CIO exige que les comités olympiques nationaux se renouvèlent au plus tard deux ans après le déroulement des Jeux Olympiques. La Centrafrique ne doit pas faire partie du CIO ???.
Ces interrogations sont certainement superfétatoires pour eux car, comme pour tous nos dirigeants, ces fonctions sont à vie. Cela peut se comprendre si l’on considère que ces postes sont tellement juteux (d’aucuns démontreront une gestion hasardeuse de subventions ; d’autres pesteront pour des voyages offerts avec épouse pour les jeux olympiques, les championnats mondiaux d’athlétisme et autres largesses du CIO ; frais de mission) que nos baroudeurs, toujours dans les entrailles du sport Centrafricain ne pensent qu’à manipuler les sportifs et les accompagnants (Qu’on ne se méprenne pas plusieurs cas existent) et à exploiter la jeunesse. Le temps viendra où nous prouverons que ces postes constituent le fonds de commerce de ces dirigeants !
Ainsi les seules disciplines qui semblent fonctionner sont le foot et le basket. Les subventions de la Fédération Internationale de Foot-ball Amateur (FIFA) et du CIO expliquent cela. Selon les faits relatés par nos sportifs et dirigeants floués, d’aucuns diront que ces subventions sont pour une grande partie détournées par les responsables nationaux du sport. La campagne d’Abidjan ne fait pas exception.
De Bangui à Super Dévoluy(ville située à proximité de Grenoble)
Ces dix dernières années, dans le cadre de la solidarité olympique, le CIO participe aux frais de préparation des fauves à la CAN. C’est ainsi que les frais de séjour (généralement en France) pour le regroupement et la préparation ; les éventuels déplacements en France pour des matchs amicaux ainsi que les équipements… sont pris en charge par le CIO.
Jusqu’à cette année, cette subvention du CIO était gérée par le CNOSCA. Parce que ce dernier et la fédération de basketball n’ont pu justifier l’utilisation de la subvention de la campagne de Madagascar, que le CIO a confié la gestion de la subvention de la préparation pour l’Afrobasket d’Abidjan au Comité National Olympique Français (CNOF). Ce qui explique l’implication de M. DAO dans la préparation des fauves.
Le séjour français devait permettre de regrouper tous les joueurs pour qu’ensemble ils améliorent leurs cohésions dans le jeu et que des complicités naissent entre eux. Malheureusement tous les joueurs n’étaient pas à Super Dévoluy dans les Hautes Alpes pour des raisons administratives ou d’égos démesurés. Par conséquent, nous aurons une équipe bancale à Abidjan en Côte d’Ivoire.
De Super Dévoluy à Abidjan via Dakar et Ouagadougou
Dans le programme de la préparation des fauves, il était prévu leurs participations à deux tournois ayant respectivement lieu à Dakar au Sénégal et à Ouagadougou au Burkina Faso avant de rejoindre Abidjan pour l’Afro-Basket.
C’est en quittant Super Dévoluy par bus pour Paris où les fauves devaient s’envoler pour Dakar que l’improvisation a éclaté au grand jour.
Partie de Super Dévoluy à 04 h du matin, après 10 h de voyage sans boire ni manger, la délégation Centrafricaine n’est arrivée à Roissy Charles De GAULLE qu’à 14 h 20’ au lieu de 13 h. A leur arrivée, les fauves ne se doutaient pas un seul instant que l’enregistrement de leur vol était terminé et le vol clôturé. Les difficultés ont commencé :
- Absence remarquée des organisateurs du périple,
- Abandon de la délégation avec bagages sans qu’aucune solution alternative ne leur soit proposée (repas, hébergement, date probable d’un prochain départ),
- Blocage de négociation avec Air France et frustration des autres interlocuteurs dus à la perte de sang froid du prestataire de voyage,
- Des billets d’avion non modifiables et non remboursables,
- Non prise en charge de la délégation pratiquement abandonnée et perdue.
Au lieu que les organisateurs et la délégation trouvent une solution conjointe, cette dernière a été fustigée de tous les maux.
Qu’à cela ne tienne ! La délégation poursuivrait son voyage sur un vol Air France et il devenait impératif de régler les pénalités dues aux modifications des billets. La situation cocasse à cet instant entrait dans une impasse généralisée au vu du mutisme cynique des organisateurs et du voyagiste ajouté au manque de moyens financiers de la délégation. Notre participation à l’Afro-basket devenait aléatoire à ce moment.
Face à cette situation perdue (frais d’assurance des joueurs non garantis ; pénalités pour modification de billets et de « routing » non payées ; prise en charge du séjour imprévu de la délégation à Paris non assurée). j’ai du de bonne foi déboursé 12.120€ (5.640€ pour l’assurance des joueurs à la CAN et 6.480€ pour les frais complémentaires des billets) après avoir reçu toutefois les garanties d’un remboursement (J’avais déjà fait un geste de 480€ pour toute la pharmacie et besoins médicaux)
L’impréparation et l’improvisation ont eu comme première conséquence la non participation des fauves au tournoi de Dakar. Nos athlètes ont donc eu une préparation tronquée pour ne pas dire sabotée.
Il a fallu que j’intervienne de nouveau le jour du départ de la délégation pour Ouagadougou. En effet, j’ai dû coordonner l’enregistrement de la délégation avec Air France alors que les responsables et les organisateurs n’ont pas pris la peine de prévenir les organisateurs du tournoi de Ouagadougou du changement dans l’itinéraire de la délégation Centrafricaine de leur numéro de vol, de la date et de l’heure estimée de leur arrivée.
Ce qui devait arriver, arriva ! La délégation Centrafricaine, une fois à Ouagadougou a passée 3 h à l’aéroport entre les formalités et les problèmes de visas et l’absence des responsables du tournoi de Ouagadougou à l’arrivée des sportifs centrafricains.
Cet aléa, une fois dénoué, un nouvel écueil est survenu. Comme si les Centrafricains n’étaient plus attendus pour ce tournoi ; leur hébergement laissait à désirer. Ils se sont trouvés à 4 par chambre et pire, deux par lit. Pour couronner cet état de fait, la délégation est partie avec une ardoise salée des frais d’hébergement due à une arrivée 2 jours avant le début du tournoi.
Nos responsables et organisateurs (CNOSCA et CNOF) se sont-ils efforcés de vérifier les structures d’accueil et les conditions de participation de nos joueurs avant de les envoyer à l’aventure ?
Malgré cet amateurisme notoire, les fauves ont répondu présents au tournoi de Ouagadougou (2 victoires sur 3 matchs). Mais notre participation et notre prestation à l’Afro-basket est compromise, compliquée et devient une gageure, puisque :
- Les primes des joueurs étaient toujours improbables (Prime au total de 1500€ par joueur pour deux mois de regroupement reçu le 23-08-2013);
- Tous les joueurs sélectionnés ne sont pas à Abidjan ;
- Les joueurs n’ont pas l’esprit tranquille, car ils ne peuvent avoir des nouvelles de leur famille.
Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions qu’à l’Afro-basket de Madagascar où les joueurs s’étaient mis en grève après deux matchs de compétition.
Ce récit relate une expérience qui n’est malheureusement pas nouvelle pour les Centrafricains. Nous l’avons dit plus haut ; l’impréparation de nos sportifs est un éternel recommencement.
Est-il possible de percer l’abcès ? Pourquoi devrions-nous être surpris que notre pays régresse et donne l’impression d’un avion sans pilote? . Un médiocre, même s’il s’exprime bien, s’il est démagogue, ne ramènera jamais que de piètres résultats.
Certains évoqueront que nos dirigeants, et curieusement nos soit disant responsables sportifs exploitent nos athlètes, vivent sur le dos de la jeunesse qu’ils prennent en otages.
Courageusement, demandons nous que sont devenus les 45 millionsqui viennent d’être alloués par l’état centrafricain dont 25 millionsconfiés par le président de la république au Ministère d’état pour couvrir les frais inhérents à la compétition ?
Selon nos informations, il semblerait que seuls 20 millions ont été mis à disposition du bureau fédéral
Où sont donc partis les 5 millions manquants ? D’après nos calculs, les dépenses estimées avoisineraient les 10 Millions. Où se cachent les 10 autres millions ?
Courageusement, demandons nous où se trouve le ministre de la jeunesse et des sports avec les 20 millions mis à disposition par le gouvernement pour d’autres frais qui sont toujours en attente de règlement ?
Courageusement, nous devons exiger un bilan exhaustif de ceux qui, depuis près de 20 ans, ont le destin du sport centrafricain. Ils ont montré des signes forts d’incompétences, nous prouvant comme le disent certains qu’ils sont nécessiteux et criminels économiques, car détourneurs des subventions des instances sportives mondiales destinées au sport Centrafricain et des deniers publics.
Courageusement, les Centrafricains doivent réclamer un audit (organisationnel et financier) de la gestion hasardeuse du passé. Il nous faut engager une refonte profonde des différentes composantes du sport Centrafricain; repenser et réécrire les règles constitutives des instances sportives nationales et définir ensemble une vision claire, et une politique nationale en harmonisant les structures institutionnelles et surtout confier la gestion du sport Centrafricain à des compatriotes véritablement responsables, ayant le sens du sacrifice et du partage,
capables de travailler en équipe et aptes à rendre compte de leurs actions. C’est seulement dans ces conditions que nous pourrions relever les défis du futur.
La priorité n’est pas aujourd’hui aux élections du Président du CNOSCA et de la fédération de basketball. Il est donc illusoire de penser à une quelconque élection (qui par ailleurs a des chances d’être manipulée et truquée) des responsables du CNOSCA et du bureau fédéral si les déclinaisons soulevées et citées plus haut ne trouvent de solutions durables.
Fier d’être Centrafricain et fier de soutenir les fauves pour les deux prochains matchs. Soyez nombreux et encouragez ces jeunes talents et le staff qui sont pris aux pièges d’un système mafieux gangrenant notre sport roi.
Trop c’est trop et que l’ADN de mon feu père et tous les amoureux de ce sport complètent ce message fort de leur témoignage et expérience.
Guy Maurice LIMBIO