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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 18:07

INTERVIEW DE MARTIN ZIGUELE

« Nous devons remettre en place l’administration et rétablir nos forces de l’ordre, nous devons panser les plaies des victimes de cette crise, nous devons être solidaires avec le peuple dans ce moment difficile avant de penser à nos ambitions personnelles. Il est bien vrai qu’un parti politique a toujours pour ambition : la conquête du pouvoir et la défense des idéologies, mais en l’état actuel, la priorité  du MLPC, le parti que je préside est, la reconstruction de notre pays » dixit Martin Ziguélé, président du MLPC

Centrafrique Libre : Bonjour M. Ziguélé, vous êtes ancien premier ministre et président du Mouvement de la Libération du Peuple Centrafricain, comment va votre parti ?

Martin Ziguélé : Bonjour M. le journaliste, Je vous remercie pour votre question. Le MLPC se porte comme notre pays. Un parti politique est géré par des femmes et des hommes qui vivent dans l’intérieur du pays où qui sont à l’extérieur mais qui sont attachés à ses valeurs. Quand le pays traverse une situation difficile, il y a des interrogations qui pèsent sur notre quotidien  et notre avenir. Naturellement, le MLPC en ressent le contre coup, mais comme nous sommes une force politique, nous cherchons à garder le cap malgré les difficultés. Nous cherchons à être à l’écoute du peuple, et aussi nous ne devons pas nous cantonner dans un constat, mais nous devons faire des propositions des suggestions de sorties de crises pour notre pays.

CL : Le MLPC est de loin la première force politique de la RCA, avez-vous un secret qui justifie l’occupation de ce rang ?

 

« Le MLPC est né le 29 février 1969, il a été créé par des modestes personnes, les enseignants, les étudiants, les élèves, les fonctionnaires, les syndicalistes, et ces gens là, ont dit non à Bokassa qui a fait de ce pays un empire en 1979″

 

MZ : Non je crois que le MLPC n’a pas de secret. Lorsque vous faîtes un peu de sociologie politique, vous verrez que partout dans le monde, lorsqu’un parti nait de la volonté des femmes et des hommes, ou des citoyens lambdas, qui décident de se mettre ensemble pour défendre un certain nombre de valeurs, ce parti traverse une histoire. Le MLPC est né le 29 février 1969, il a été créé par des modestes personnes, les enseignants, les étudiants, les élèves, les fonctionnaires, les syndicalistes, et ces gens là, ont dit non à Bokassa qui a fait de ce pays un empire en 1979. Ils sont partis d’un esprit noble : la restauration de la République Centrafricaine alors que l’opinion était aphone et un grand nombre de Centrafricains étaient complaisants face aux dérives de ce dernier. Notre parti a été créé pour rétablir la RCA, donc nous sommes un parti républicain habitué à la lutte pour défendre les valeurs républicaines, c’est ce que nous avons fait au prix de mille sacrifices sous Bozizé. C’est dans cet ordre d’idées que je me suis rendu à Libreville au début de la crise en décembre. Nous avons décroché cet accord qui, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, accordait au chef de l’État de rester trois ans au pouvoir pour finir son mandat, mais Bozizé l’a refusé.Nous avons obtenu du nouveau pouvoir la continuité de l’esprit des accords de Libreville, cela s’est matérialisé par N’Djamena I et II, puis à Brazzaville.

CL:Quelles sont vos impressions au sujet des violations des droits de l’homme perpétrés par la Séléka? Vous qui êtes d’habitude si loquace, que dites vous au public qui a constaté votre silence?

MZ:Je ne vois pas pour quelle raison le MLPC par ma voix refuserait de parler pour protéger la vie de nos compatriotes. Croyez moi je n’ai pas attendu que le pouvoir tombe pour commencer à intervenir.J’étais le seul leader à condamner sur les ondes de radio Ndèkè Luka les conséquences du non respect des accords de Libreville. Ces accords avaient été ouvertement récusés lors des marches et des meetings organisés au stade 20.000places par les milices du pouvoir COCORA et COAC et d’autres organisations qui naissaient comme des champignons. Je sentais comment Bozizé et ses partisans étaient en train de conduire notre pays vers un mur. Je dénonçais tous ceux qui jouaient avec le feu en encourageant le pouvoir à marcher sur les accords de Libreville pour la préservation de leur intérêt au détriment du peuple. J’étais le seul à le faire à Bangui. J’étais sorti du pays le 15mars pour Niamey au Niger afin de participer à une réunion du comité Afrique de l’International Socialiste consacrée à la crise au Mali. J’ai tenu à m’ y rendre pour parler de notre pays.La situation politique était bloquée parce que le pouvoir d’alors ne voulait pas de l’application des accords de Libreville.

9 jours plus tard, alors que j’étais en chemin pour Bangui, il y a eu le coup d’État du 24 mars. Coincé à l’extérieur, j’ai utilisé mon temps pour m’exprimer dès le 25 sur les ondes des médias internationaux: Africa 24, France 24, Aljazira Tv etc. Je m’exprimais sur les radios pour dire deux choses: l’échec collectif de tous les Centrafricains à appliquer les recommandations de Libreville qui allaient nous mener vers une transition pacifique et apaisée. Qu’à cela ne tienne, les armes ont malheureusement parlé, ceci est un échec pour la démocratie, il fallait en prendre acte et nous accrocher à ces accords.

J’ai continué à m’exprimer quand il y a eu les évènements de Boyrabé, j’ai intervenu sur RFI et Radio Ndèkè Luka, avant de rentrer à Bangui.

CL : Allez vous représenter votre parti à la prochaine élection présidentielle ?

MZ : La priorité actuelle de mon parti qui fait parti de l’ancienne opposition démocratique le FARE( Front pour l’Annulation et la Reprise des Élections de 2011) est d’accompagner le processus de la transition à son terme. Nous devons remettre en place l’administration, nous devons panser les plaies des victimes de cette crise, nous devons être solidaires avec le peuple dans ce moment difficile avant de penser à nos ambitions personnelles. Il est bien vrai qu’un parti politique a toujours pour ambition : la conquête du pouvoir et la défense des idéologies, mais en l’état actuel, la priorité est la reconstruction de notre pays.

CL : Après trois décennies la RCA est incapable de laver son linge en famille alors qu’elle regorge des femmes et des hommes compétents. Ce pays bat des mauvais records  sur tous les plans, vous avez été premier ministre pendant deux ans, êtes vous coupable de cette situation?

MZ : Je ne fais pas partie de ceux qui jettent toujours l’anathème sur les autres. Nous avons tous échoué à bâtir un état de droit. Tous les Centrafricains sont responsables de cette situation même si on ne manque pas de signaler les manœuvres malsaines du régime déchu qui nous a amené dans ce bourbier. Mon parti et moi sommes responsables au même titre que tous ceux qui ont tous géré ce pays.Nous avons toujours demandé un dialogue et une concertation avec l’ancien régime pour qu’ensemble nous trouvions des solutions idoines aux problèmes de notre pays, mais Bozizé n’avait jamais voulu comprendre le bien fondé de cette démarche. Il ne comprenait que le langage des armes. Lorsque les rebelles étaient arrivés à Damara, nous avions été à Libreville trouver des accords pour une issue pacifique à la crise, mais à notre retour au pays Bozizé a tout boycotté et aujourd’hui nous avons perdu nos institutions dont l’armée. Nous aurions pu éviter ce désastre si les accords de Libreville avaient été respectés.

CL: Merci d’avoir répondu à nos questions

Interview réalisée par Wilfried Maurice SEBIRO

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