LETTRE OUVERTE A
A Monsieur Martin ZIGUELE
Ancien Premier Ministre
-BANGUI-
Monsieur le Premier Ministre,
Selon le site de la radio « NDEKE LUKA », en date du 6 février 2011 sous le titre « Ziguélé annonce la réconciliation avec PATASSE », vous avez déclaré : « je sors d’une rencontre avec le Président PATASSE pour une réconciliation. C’est très important ». Ces informations si elles s’avéraient exactes, nous déçoivent tout autant qu’elles nous affligent et nous choquent.
Si nous avions accepté à travers notre parti l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) de vous suivre, c’est parce que vous avez fait des déclarations qui tendaient à faire croire que vous vous démarquiez nettement de l’ancien Président Ange-Félix PATASSE d’une part, et que vous représentiez un courant nouveau du MLPC d’autre part.
En effet, nous avions pensé que vous incarniez une génération différente d’hommes politiques à travers un programme crédible prônant l’unité, la paix et la réconciliation nationale. En le faisant, vous vous placiez ainsi au-dessus des réflexes divisionnistes et tribaux de l’ancien Président PATASSE qui a organisé un génocide contre une partie de la population centrafricaine.
C’est donc dans cet esprit que nous avions accepté d’être à vos côtés pendant les élections présidentielles de 2005 et 2011. Il nous semblait que c’est dans cet élan que Monsieur Ange-Félix PATASSE avait été exclu du MLPC et que vous aviez été élu Président de ce parti.
Devons-nous vous rappelez que le Président PATASSE est cet homme qui a tué des valeureux cadres militaires, universitaires, politiques et plusieurs anonymes centrafricains ! Il avait fait venir les troupes de Jean-Pierre BEMBA qui avaient tué, violé et humilié des centaines de centrafricains et de centrafricaines, dont certains garderont des séquelles et souvenirs qui ont bouleversé définitivement leur vie. Son pouvoir avait forcé des milliers de centrafricains à fuir leur pays et prendre le chemin de l’exil.
Sous son régime, le président PATASSE avait confisqué les acquis de la démocratie que le peuple centrafricain avait arrachés de longues luttes : confiscation des libertés individuelles et collectives, interdiction des médias d’Etat aux partis politiques d’opposition, des meetings et des marches, arrestations arbitraires, etc…
En conséquence, l’ancien Président PATASSE devrait être poursuivi pour crimes contre l’humanité comme son complice Jean–Pierre BEMBA qui l’est en ce moment devant la Cour Pénale Internationale.
Etant son Premier Ministre pendant ces évènements, les centrafricains vous avaient à plusieurs reprises lors de la campagne électorale de 2005 interpelé sur ces crimes. Vous aviez toujours prétendu que vous ne faisiez pas partie de la chaîne de commandement qui avait donné des ordres, laissant ainsi peser la responsabilité sur le seul Président PATASSE.
Comment devons-nous interpréter cette réconciliation ? Un mensonge au peuple centrafricain ? Une remise en cause de vos anciens propos ?
En ce qui nous concerne, il s’agit d’une trahison, d’un manque de probité intellectuelle. Vous restez et demeurez le complice de l’ancien Président PATASSE pour cet acte grave et historique que notre pays a connu et n’oubliera jamais.
C’est cela la vraie signification de cette réconciliation.
En conséquence, nous vous informons que nous cessons aujourd’hui de vous faire confiance sur le plan politique et moral.
Nous vous prions, Monsieur le Premier Ministre, de croire à nos salutations distinguées.
Fait à Orléans, le 20 février 2011
René GRENGBO SANZIA-SAZIN Clément BELIBANGA
Directeur de votre campagne au Président de votre comité
2ème tour de l’élection présidentielle de soutien France à l’élection
de 2005 présidentielle de 2011