Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 00:20
T
 
Témoignage de l'ambassadeur  des nations unies

Charles A. DOUBANE

 

Président,André KOLINGBA, quatre(4) ans déjà, pensées profondes.
07.02.10, de ma chambre de l’Hôtel la Falaise à Douala où j'étais pour mes affaires, je vois défiler sur France 24 l'annonce du décès à Paris du Président A. KOLINGBA. Moi qui ai déjà de grands yeux, je les ouvre davantage pour m'en assurer. Tout s’arrête autour de moi.Le temps d'appeler un ami et un des proches du défunt, le Ministre M.B à BG qui me confirme la triste nouvelle. Je lui demande de présenter mes condoléances à sa veuve(une de rares personnes pour qui j'ai une immense admiration et respect) encore à Paris et ses enfants en lui promettant que je serai là pour les obsèques. Ce que je fis. De tous les témoignages prononcés à l'endroit de l'illustre disparu, après celui de son proche collaborateur le Pr.MABINGUI, j'ai été particulièrement marqué par celui de son frère, feu le Colonel BIAMBA,retraçant la vie du bébé et sa maman réfugies dans la maison du grand père Mbay, une nuit pour déjouer et échapper à la poursuite des bandits, de l'adolescent solitaire, de l'homme taciturne et réservé, de ses liens et relations avec sa famille, ses amis et ses collaborateurs. Ce qu'il faut exactement connaitre avant de porter un jugement ou évaluer l'action d'une personne. Je vais finir par retrouver chez ce Monsieur-dont jeune leader étudiant, j'ai combattu les idées de son parti (l'air du temps) à la fin des années 80 et début 90-des traits de caractère qui sont proches des miens que je cultiverai encore. En réalité, une compagnie d'une nuit de printemps 2007, six heures de vol où j'ai été son voisin de vol et c'était son dernier voyage pour Paris, j'allais à la BM à Washington pour négocier les fameux 57 millions $ du Fast Track Fund pour l'école centrafricaine,avec le Général m'a "rapproché" de Lui. 
Après deux heures de voyage, il me demande de l'accompagner,je le suis à l'espace situé entre la classe d'affaire et le Premium. Et debout pendant 45 minutes malgré son age et le poids de la maladie, calmement, me posant de petites questions IL va me parler, me donner sa conception sur l'actualité, mais surtout notre pays, et moi de religieusement l'écouter à la manière d'un discipline devant un Maître. Sa conclusion?" Mr le Ministre et cher fils,tu es à l'image du garçon que chaque famille voudrait avoir,reste toi-même et tu iras très loin". J'ai reçu cette nuit de Mars 2007 ma part de bénédictions et "d'héritage" Au retour à nos sièges, heureux comme un petit enfant, je vais passer une nuit blanche à le veiller, m'occuper de sa couverture ainsi que de mon autre voisin du siège arrière l'Ambassadeur Esmieux que le paludisme a failli emporter dans ce même avion qui nous déposera à Paris. Au pieds de l'échelle de coupée où l'attendait pour le salon d'honneur une voiture de l'ADP, Il me fit l'accolade et me dit: "Mon Fils, bonne mission". Et la voiture s’ébranle...
Je revois encore cette silhouette, ce geste et ces paroles paternels posé avec un grand amour qu'ému, je ressens comme si c'était hier.
Voilà, pourquoi dans le courrier adressé à sa famille à l'occasion de son décès, ainsi que dans le livre des condoléances ouvert à cette fin à l’Hôtel de Ville de Bangui, j'ai tenu à rappeler et souligner les qualités de cet Homme exceptionnel, cet Homme d’État, Démocrate, de Paix et Patriote. Et le jour de l'enterrement, lors de la cérémonie de dépôt de gerbes à son domicile à Ouango, au prononcé du nom de ma famille, en solitaire chef de famille je m'avance lentement en direction de son cercueil entouré des siens, devant lequel je m'incline- les larmes aux yeux- revoyant l'image et les paroles de cet Grand Homme, je dépose mes fleurs en lui disant,"Général, veille sur ta famille, ton pays et aide moi à suivre tes pas au service de notre pays ". Au regard de notre histoire récente dont les pages s'écrivent encore,et avec le recul en adulte, à présent je puis et sans langue de bois témoigner: Oui, le Président André KOLINGBA était un Homme d’État, Un Vrai et un Grand.

C DOUBANE

Charles A. DOUBANE, Paris 07.02.14
Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche