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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 22:58

Gilles Deleuze

PARIS (LNC) — Partie la fleur au fusil en Centrafrique le 5 décembre 2013, la France s’y trouve désormais embourbée dans une véritable pétaudière, pour user d’un vocable militaire.

Sangaris, une opération amateur, improvisée, faite à la va vite et mal pensée.
Et surtout, c’est arrivé trop tard.
Aveu d’un responsable français : «Les renseignements dont nous disposions étaient trop imprécis et reposaient sur une vision vieillotte de la Centrafrique. “Sangaris” n’a donc pas été pensé comme il aurait fallu».
Pourtant la propagande de l’armée française en décembre annonçait tout le contraire.
“Depuis 2 années nous suivons l’évolution des choses en Centrafrique, et nos réseaux électroniques ont l’oeil sur tout.” clamait-elle.
Pieu mensonge.

RCA, UN CASSE TETE CHINOIS POUR LA FRANCE

Un peu plus de 3 mois après, l’heure est venue d’un premier bilan, et il n’est pas reluisant.
Comme le reconnait un haut fonctionnaire français «La mission n’est pas un échec. Il y a des réussites évidentes. Mais il faut le reconnaître, tout ne s’est pas déroulé au mieux et aujourd’hui la France est dans une forme d’impasse en RCA».
Les quelques 2000 hommes sur le terrain ne parviennent toujours pas à sécuriser, ne serait-ce que la capitale Bangui.
Raison évoquée par le colonel De Lacan : “Les troupes envoyées n’étaient pas les plus adéquates pour une telle situation. Il fallait des gendarmes, et non des hommes préparés aux combats frontaux, et immatures aux combats de rue.”

Aujourd’hui, l’escalade criminelle en Centrafrique a atteint des sommets inimaginables.
Plus de 3.000 civils assassinées, souvent dans des conditions atroces en quelques mois. Etcela, devant les forces internationales impuissantes.

ET POURTANT….

Comme l’explique le Figaro, la France qui pensait qu’en chassant Michel Djotodia du pouvoir tout irait mieux, que les armes se tairont s’est trompée une fois de plus.
Pour Le Figaro : “Là où ils comptaient sur une débandade, ils ont découvert une résistance. Pire encore, personne ne semble avoir pris en compte l’autre groupe armé, les Anti-Balaka, un mouvement chrétien, qui a attaqué la capitale.” 

Aujourd’hui, ce sont les Anti-Balaka qui contrôlent pratiquement tous les quartiers de Bangui.
Et une fois de plus, les français ont sous estimé leur capacité de nuisance.
Ce ne sont pas des folkloriques arriérés armés d’arcs et de flèches qu’ils pensaient qu’ils étaient, mais d’authentiques soldats, disposant d’armement moderne, aguerris et très bien commandés.
L’ex président François Bozizé les soutient, les finance et les arme. Ce sont ses hommes déguisés sous le nom d’Anti-Balaka. Ceci au vu et au su de tous.

En province, après avoir été chassés de Bangui, les Séléka se regroupent et se réarment dans différentes villes de l’arrière pays comme BriaN’délé ou Birao, posant ce qui n’est plus une hypothèse, le risque de la partition du pays.
Une épée de Damoclès de plus sur la tête de ce pays déjà implosé.
Les Sangaris trop peu nombreux ne peuvent y être, les forces africaines non plus, autrement que de temps en temps, comme à M’Baiki où les Sangaris ne restèrent que quelques jours, et sitôt leur départ, le génocide musulman dans la ville démarrait.

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Accusés de toutes parts d’avoir favorisé les Anti-Balaka, et les laisser assassiner des civils musulmans, l’armée française se justifie depuis quelques jours en montrant ses trophées de guerre. 
Une manière de dire qu’elle ne chôme pas, et c’est assez impressionnant.

Visite du Chef d'Etat Major des Armées (CEMA), l'amiral Edouard
Trois containers entreposés dans le camp de M’Poko, 700 armes automatiques, dont des fusils-mitrailleurs AK-47, une dizaine de mortiers, une quarantaine de mitrailleuses légères et cinq mitrailleuses lourdes, environ 4000 machettes et armes blanches, du type de celles utilisées par les anti-balaka; plus de 80.000 cartouches de tous calibres, plus de 200 roquettes anti-chars, près de 350 obus de mortiers, une trentaine d’obus de gros calibre (supérieur à 120 millimètres) et une dizaine de mines anti-chars.

SORTIR DU GUEPIER

Ce n’est plus un secret, la France veut retirer ses soldats de la RCA au plus vite.
Mais la chose reste compliquée, ça ne coule pas dans le bronze, car l’ONU sur laquelle elle comptait pour la remplacer par des casques bleus, ne peut au mieux mettre en place un dispositif de remplacement pas avant septembre prochain.
Entre temps, la voilà contrainte de faire des heures supplémentaires à ses frais en attendant.

En outre, la Centrafrique n’a jamais été une priorité pour le gouvernement français socialiste.
Prié d’intervenir dès décembre 2012 pour éviter le pire, François Hollande bottait en touche par une phrase très malheureuse digne de la coloniale : “La France n’est en Centrafrique que pour y défendre ses intérêts”.

Comme nous le confiait un fonctionnaire du Quai d’Orsay il y a quelques jours, “La RCA n’est plus une priorité stratégique pour notre politique en Afrique centrale, y aller militairement toute seule était une erreur. En outre économiquement parlant, nos relations avec ce pays ont un encéphalogramme plat. C’est à peine si nos échanges commerciaux bilatéraux dépassent les 50.000 euros par an. Et puis il est pratiquement impossible d’en exploiter le sous sol très riche pourtant, tant les risques sécuritaires sont énormes.”

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