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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 00:50

CENTRAFRIQUE:LE CALVAIRE VECU PAR LE JOURNALISTE PROSPERT YAKA QUI ATTESTE QUE LA RCA EST DEVENUE UN ETAT SAUVAGE AVEC LE SANGUINAIRE DJOTODIA ET LA SELEKA A SA TETE

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Mardi 20 Août,
15h50 : je quitte la rédaction du journal Le confident où j’avais passé toute ma journée.
16h15 : je suis au complexe pédiatrique pour remercier le personnel soignant qui s’est occupé, pendant une semaine de mon fils qui vient d’être guéri d’une fièvre bilieuse. 

16h43 : suis posté devant le Centre de la mère et de l’enfant, attendant un transport en commun en direction du Pk 12. Plus de 20 minutes d’attente, tous les bus et taxis empruntant cette direction sont full à craquer. A Boy-Rabe, ça commence à tirer grave. C’est la panique parmi les habitants et les riverains de ce quartier.

Je me décide de changer d’itinéraire. Prendre un taxi de Benz-vi, puis je descendrai au croisement et à partir de là je vais me débrouiller pour arriver au PK 12. Dame pluie arrive à très grosses gouttes.

17h15 environs : je me décide de descendre sur l’avenue de France. Peut être là, je pourrai trouver une place dans un taxi. Sur la place Professeur Ngaro, plusieurs personnes attendent sous la pluie un taxi. Pas de temps à perdre, j’avance tempé vers le national Hôtel, toujours rien. Au niveau du stade 20 000 places, je décide d’emprunter l’avenue des martyrs, peut-être trouverais-je une place libre dans les bus venant de Pétevo pour Combattant.

Pas de veine. A quoi bon attendre puisque mes souliers sont déjà usés. Ça tire très fort du côté de Boy-Rabe, y compris des armes lourdes, RPG7. Cependant, certains tirs sont plus proches. Sûrement, ces tirs proviennent du camp Béal à proximité de là où je me trouvais. A l’intersession université-14 villas, je croise trois chars français qui se dirigent certainement vers le centre-ville. Ils sont armés jusqu’aux dents. Soudain, un séléka en faction à la chancellerie des Affaires étrangères s’avance vers nous, son AK47 prêt à dégainer.

Je l’évite du regard. Dans mon sac, il y a tous mes outils de travail (laptot, disques durs externes, clés USB, Carte national d’identité, téléphones, argent…). Je prie Dieu qu’il ne m’interpelle pas. ça se passe bien. Il n’a pas vu mon sac. Arrivé près de l’ambassade de la Chine, j’attends de violentes détonations d’armes automatiques juste derrière moi. Je me retourne, et je constate qu’un conducteur de moto est entrain d’être braqué par le même soldat qui venait de me dépasser et quelques uns de ses acolytes.Plus tard, je serai informé par un de mes compagnons de fortune que c’était la moto de Galagalas de la socatel. Devant la primature, en plein milieu de l’avenue, quelques seleka arrêtent des véhicules.

Les passagers sont systématiquement fouillés et tout ce qui est précieux (argent, téléphone, carte mémoire…) est confisqué. Un taximan vient de perdre son taxi. La situation commence à devenir inquiétante. Je me résigne de continuer tout droit, je bifurque sur la rue pétroca pour atteindre Benz-vi. Pas toujours de Taxi vide, de toute façon, je suis déjà mouillé jusqu’aux os. Donc, je peux continuer à pied jusqu’au croisement Benz-vi-Miskine.

Derrière la Cémac, un seleka sorti de nulle part refoulent tous les taxi venant de Miskine pour la ville. J’aperçois mon petit Hyppolite Donossio, devant le siège du RJDH qui observe avec effarement le comportement de ce seleka-rambo. Des formules de politesse rapide entre nous et je continue mon chemin. Arrivé, pas loin du centre social de Benz-vi, j’observe de loin, un groupe d’enturbannés, une dizaine, qui arrivent, les passant fuient.

Un autre taxi vient d’être emporté. Une femme qui est arrivée à notre niveau, puisque j’ai rejoins un groupe d’infortunés piétons, nous demande de faire demi-tour. « Ce sont des braqueurs, ils prennent tout ce qu’ils trouvent sur vous ». Notre petit groupe ne se fait pas prier. Nous rebroussons chemin et rentrons dans le quartier walingba pour sortir devant le bar Tangawissi à Miskine.
A Miskine, le nouveau quartier présidentiel et du régime, la vie existe. Plusieurs personnes sont au bord de la route, admirant le spectacle des seleka-boy. Chacun se laissant aller à son commentaire. L’avenue Koudoudou est bloquée du croisement Benz-Vi jusqu’au croisement 4e. La seleka y règne en maître. La guerre est totale à boy-Rabe.

Tous les véhicules empruntent l’avenue Mbaïkoua pour, soit aller à combattant soit aller à Gobongo. Je fonce vers le pont Miskine pour y tenter une autre chance. J’aperçois, un pick-up de l’OCRB passé en trombe vers la direction KM5. Il y a des policiers-seleka avec leurs premiers butins de guerre. Ce sont des casiers de Mocaf, Castel et 33 export. Ils sont gais chacun avec une bouteille. Je conclus qu’ils viennent de dévaliser une cave ou un bar, mais lequel ???. d’autres véhicules banalisés avec des combattants-pillards montent vers le 4e arrondissement.

Galabadja, fief de la seleka-Goula, est calme. Sans m’en rendre compte, je suis déjà au croisement du 8e. Toujours pas de taxi. Il est 18h. Je me résigne à continuer. Je dois trouver un abri pour la nuit dans le secteur. Ce qui est fait. À 22h, c’est la fin du délestage dans le secteur, je démarre mon laptot. Je jette un coup d’œil sur mon mur pour glaner les infos.

Le Confrère Christian aimé Ndotah nous informe que tout est calme du côté de Lakouanga. Il n’ya que des croassements des crapauds qui les empêchent de dormir. Entre temps, les tirs se sont généralisés. Ça tire, à Fouh, Combattant, Miskine, 5e arrondissement, Galabadja. Sur la toile, il n’y a pas grand monde de Bangui. J’appelle les parents de Boeing, les nouvelles ne sont pas reluisantes, tous mes cousins ont fui et se sont réfugiés dans le froid sur la piste de l’aéroport. Plus tard, on me laissera entendre que les militaires français sont entrain de sécuriser le secteur. Le lendemain, je suis informé qu’il y aurait eu 7 morts à Boeing.

Mercredi, 5e heures du matin, je suis debout, les activités ont repris dans le 8e arrondissement, tous les chercher à manger (système D) de Bangui sont sur pied. Les crépitements d’armes d’hier ne sont plus qu’un souvenir. Je me décide de rentrer chez moi, mais en longeant l’avenue Mbaïkoua à Pied jusqu’au croisement Enerca-gobongo. Tout est calme. Au Pk12, la vie est normale. Très normale même.
8h30, je reprends le chemin en sens contraire. Première tâche de la journée, visiter les hôpitaux et leurs morgues.

Prospért Yaka MAIDE

 

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