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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 08:13

INTERVIEW DE M. GASTON MANDATA NGUEREKATA AU JOURNAL CENTRAFRIQUE LIBRE

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De passage à Paris après un bref passage qui l’a conduit à Ouagadougou où il avait tenu une conférence scientifique à l’invitation de l’Université des sciences du Burkina, le Pr Gaston Mandata N’GUEREKATA a fait honneur à Centrafrique Libre en lui accordant une interview improvisée. 

La soixantaine  bien entamée, crâne rasé, costume bleu, chemise bleuefoncée , N’Guérékata qui a l’allure d’un jeune quadragénaire a répondu à nos questions sans tabou.

D’un temps posé le professeur qui est un probable candidat mais qui affirme ne pas y penser encore à cause de la pense d’abord à la reconstruction de son pays et la dynamisation de son jeune parti le PARC veut être le relais entre les jeunes et les vieux. C’est dans cet ordre d’idée qu’il souhaite le renouvellement de la classe politique Centrafricaine.

Sans langue de bois, il a réitéré son appel du 1er septembre à Bangui/Ledger en fustigeant et en demandant aux trois principales autorités de la transition de démissionner.

 CENTRAFRIQUE LIBRE: Bonsoir Monsieur, un grand homme vient de nous quitter. Cet homme c’est Nelson Mandela, l’ancien président Sud Africain, que vous inspirait- il pour vous?

Gaston MANDATA N’GUEREKATANelson Mandela est pour moi cette figure universelle qui symbolise le pardon entre les races. Voilà un homme d’une très grande humilité,un très grand humaniste qui après 28ans de prison est sortie et a tout de suite tenu un langage de pardon et de la réconciliation.Le monde entier perd à travers Mandela une personne d’une envergure exceptionnelle.

CL: Une personne emblématique?

GMN: Emblématique oui, car des gens comme Nelson Mandela ne se trouvent pas dans les quatre coins de la rue , certes dans le passé nous avons connu des hommes comme Ghandi et Martin Luther King, mais sur le continent Africain Mandela était le seul à porter le flambeau de l’humanisme à un niveau jamais égalé par ses prédécesseurs.

CL: La notoriété de Nelson Mandela n’a semble t-il rien apportéau continent Africain, avec la confiscation du pouvoir par les dictateurs et les conflits militaro politique qui sont légion, partagez vous cet avis?

GMN: Je crois que Nelson Mandela avait donné une véritable leçon aux hommes politiques africains. Il a décidé de se retirer après un mandat présidentiel à la tête de l’Afrique du Sud. Il était pourtant populaire. Il aurait pu avoir aisément un second mandat mais il a plutôt préféré laisser la place à une génération plus jeune. Il a préféré se consacrer aux tâches de conseil auprès de ces derniers ou d’autres hommes politiques du monde. Il voyageait pour faire passer le message de la paix et de la tolérance entre les races. Il est unique en Afrique voire dans le monde, c’est un exemple à suivre.

CL: Votre pays va mal depuis l’arrivée de Djotodia. La tension est montée d’un cran avec la tentative du coup d’État des anti Balaka et les partisans de Bozizé, et les représailles des Séléka qui ont en suivi.La France est en guerre en Centrafrique, tous les partis politique français du PS à l’UMP en passant par les Communistes sont unanimes, en Centrafrique chaque leader ou parti politique joue sa carte personnelle, Quel votre avis sur ce sujet?

GMN: Je ne suis pas surpris que la plupart des hommes politiques Centrafricains ne s’expriment pas sur ce qui se passe en ce moment ou alors ils ne le font pas suffisamment. Pour cause dès leur sortie de la conférence de Libreville qui devait paver la voie à ce gouvernement de transition, nous avons vu pratiquement toute la classe politique s’unir. Je ne comprends pas comment ils peuvent rester aphones ou  ne pas s’associer pour trouver une solution aujourd’hui. Cela explique que certains soit disant leaders politique centrafricains n’arrivent pas à se parler, ils manquent de logique , ils ont peur d’étaler leur contradiction sur la place publique. Mais je crois qu’à partir de cette expérience il faudra que le pays puisse connaître un renouvellement de la classe politique. Il y a des conditions à voir, certains parlent de l’éventualité de la tenue  d’une conférence  nationale, nous devons passer de cette classe politique désuète à une nouvelle génération plus patriote, plus engagé pour le développement du pays. Je crois qu’il faudra nécessairement faire plusieurs audits: politique et économique qui devraient conduire à ce qu’ on puisse disqualifier tout ce qui de près ou de loin ont participé à la situation de crise que nous connaissons en ce moment. Par exemple beaucoup d’hommes politiques même ceux qui ne sont pas militarisés ont contribué à la création des milices dont la Séléka. Pour moi cela constitue en fait une complicité ou un crime de sang. Il y a des hommes politiques centrafricains qui ont commis beaucoup de crimes économiques ces deux dernières décennies, des gens qui naviguent en ce moment sur la scène qui ont commis des détournements massifs des biens publics,  des politiciens qui ont volé,qui ont participé à la mort des sociétés d’État et d’économie mixte. Ces personnes doivent être disqualifiées pour toujours.

CL: C’est pas à la justice de décider?

GMN:Mais je crois qu’il faudrait d’abord qu’au niveau national, nous ayons cette volonté d’en arriver là. Une conférence nationale pourra par exemple paver la voie à ce type de résolution avant que la justice ne puisse s’en emparer  Quand je dis ceci j’exclue tout ce qu’on peut qualifier des rumeurs non fondées, qui mettent en accusation les personnes.Vous avez raison de parler de la justice qui doit être associée à cela, mais on doit d’abord disqualifier ces gens qui ont commis ces crimes que j’ai cités ci-hauts. Ce sont des gens qui sont là depuis deux décennie qui ont pris part à toutes les conférences, les réunions, les dialogues inclusifs qui continuent de diriger le pays. Ce sont eux qui sont nombreux au sein de la transition, ce sont eux qui bloquent le développement de ce pays.

CL: Les conflits de ces derniers jours ont fait officiellement 500 morts même si on sait que ce chiffre est insignifiant, jusque là vous les hommes politiques centrafricains vous n’avez pas présenté une feuille de route pour la sortie de cette crise, la classe politique va t-elle encore attendre la France ou les étrangers pour trouver des solutions à leur place?

GMN: C’est une bonne question même si j’ai  déjà répondue en partie.Comment les gens qui sont associés à cette situation peuvent trouver des solutions?En dehors de ceux là nous ne sommes pas nombreux à vouloir impulser un changement.

CL: Il faut un changement radical?

GMN:Je crois qu’il faut qu’il ait une démission de l’ensemble des grands ténors de la transition: je veux citer le président Djotodia lui-même, il doit démissionner parce qu’il ne peut pas être à la fois chef de la Séléka et chef de la transition. Le problème actuel est la Séléka, c’est le mal absolu, c’est elle qui a ramené tout ce désordre, tout ce drame dans notre pays.

CL: Mais la Séléka ne dirige pas seul le pays?

GMN: Oui je sais qu’il n’ y a pas que la Séléka, il y a aussi le…[rires] premier ministre comme vous le voyez qui…[rires)brille par son absence quand il faut se prononcer, prendre des bonnes décisions ou de s’engager sur le terrain avec les membres du gouvernement, pour trouver des solutions à la crise actuelle. Le président du conseil national de transition M. Nguéndet ne joue pas son rôle. Tout ce monde là doit être disqualifié.

CL: par quel moyen allez vous les disqualifier?

GMN:C’est simple qu’ils démissionnent tous, c’est la seule solution.

CL: Oui c’est trop facile comme réponse et s’ils ne le font pas?

GMN: S’ils ne le font pas, c’est la population qui va les faire partir avec tout ce qu’elle a enduré.Je pense qu’il y a un ras le bol général qui amènera les gens à sortir dans la rue s’ils ne le font pas.

CL: Qu’attendez vous pour être le porte parole de cette population?

GMN: Si vous suivez mon parcours depuis un an,j’ai toujours eu une position d’avant garde. Chaque fois j’avais un langage de vérité et beaucoup à chaque fois me suivaient, Je tiens toujours un langage de vérité le moment venu je jouerai mon rôle.

CL: C’est facile de rester au chaud à l’étranger et de parler, faire de la politique, pourquoi ne pas aller sur place au pays?

GMG:J’étais à Bangui il y a deux mois et là bas j’ y avais tenu un langage de vérité en demandant aux autorités de la transition de démissionner et comme vous avez vu je réitère cette demande. Tout ce que je dit à l’étranger je le répète systématiquement au pays.Je retourne aux États Unies faire ma valise pour rentrer à Bangui.

CL: Selon des sources en provenance de Bangui vous auriez tenu un double langage lors de votre séjour après que vous aviez rencontréDjotodia?

GMN:Ce sont des fausses allégations et d’ailleurs je ne sais pas d’où elles viennent et je ne m’y reconnais pas. J’avais donné une conférence de presse le 01octobre 20013 à l’hôtel Ledger où j’ai demandé la démission de Djotodia pour incompétence. Le lendemain dans la soirée, j’ai été reçu par ce dernier. A la sortie de l’audience il m’a été posé la question de savoir si je gardais toujours la même intention c’est à dire la demande de la démission. J’étais clair, j’ai répondu en disant que le président Djotodia m’a donné des informations sur ce que je ne connaissais pas. Après avoir entendu sa version des faits, je vais m’en tenir à mon parti pour la conduite à tenir. Après consultation nous avons publié un communiqué de presse pour maintenir notre vœu à propos de la démission, et donc en aucun moment j’ai changé de décision.(A suivre)

Interview réalisée par Wilfried Maurice SEBIRO


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