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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 07:27

DOLOGUELE VEUT PRENDRE LES RÊNES DE LA CENTRAFRIQUE

adcl

C’est l’une des sommités de la Centrafrique sur la scène internationale,Anicet Georges Dologuélé ancien ministre des Finances sousPatassé, puis président de la BDEAC, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, vient de rentrer dans son pays, la Centrafrique où il compte désormais jouer les premiers rôles. Aujourd’hui, à 57 ans, il renonce à un exil confortable en France pour se présenter à la présidentielle Centrafricaine.

Avant de créer son parti l’URCA (Union pour le Renouveau Centrafricain) qui est en cours de normalisation, AGD comme l’appelle ses fans avait crée déjà en 2011 à Bangui après 11ans d’absence, l’ association Espoir et Avenir dont le but est de venir en aide aux plus démunis et de promouvoir l’éducation.

A la suite de son limogeage décrit comme injuste par une grande partie de ses collaborateurs de la BDEAC,Dologuélé dirigeait un cabinet parisien dénommé AfriPartners international Consulting.

Ce travailleur acharné qui ne regrette pas d’avoir déclaré sa candidature avant ses concurrents, alors que son pays est entièrement détruit, nous a accordé une interview à quelques heures de son départ pour Bangui.

 Centrafrique Libre:Vous êtes annoncé à Bangui pour le 19, pourquoi avoir attendu autant de temps avant de rentrer?

Anicet George DOLOGUELE: J’étais parti au mois de mars en France pour un certain nombre de raisons professionnelles, et personnelles, et quand il y a eu l’arrivée de la Séléka avec tout ce qui se passait, j’ai pensé qu’il était important que je fasse beaucoup de sensibilisation à partir de l’Europe pour que la République centrafricaine ne soit pas oubliée. Parce que souvenez-vous, maintenant tout le monde en parle. Pendant deux ou trois mois, on avait l’impression que cette crise n’intéressait personne.

Je fais partie de ceux qui parcouraient les bureaux des hommes politiques français pour les sensibiliser sur le fait qu’un Centrafricain qui meurt, c’est la même chose qu’un Malien ou un Syrien qui meurt. Je suis content aujourd’hui qu’il y ait une prise de conscience au niveau mondial sur la crise centrafricaine. Aujourd’hui je rentre parce que, c’est le moment de rentrer, j’avais envie d’être chez moi, et puis je pense qu’il faut qu’on soit un certain nombre à animer la vie politique centrafricaine et qu’elle ne soit pas que rythmée par les faits divers et la violence.

CL: Vous irez au chevet de tous les Centrafricains?

 AGD: Je vais aller dans mon pays, je vais faire mon devoir de citoyen, assister les frères et les sœurs qui ont besoin d’être assistés, écouter tout le monde, discuter, échanger et enfin faire un travail politique. Je n’ai pas la prétention de dire que je vais aller résoudre tous les problèmes de mes compatriotes à Bangui, je vais essayer de comprendre ce qui ne va pas pour apaiser la situation et ensemble rechercher des solutions idoines.J’ai une voix qui porte à l’extérieur Dieu merci et dans la mesure du possible , je l’utiliserai pour mon pays.

 CL: Après avoir mis en place l’association ESPOIR et AVENIR il y a quelques années, vous venez de créer l’ URCA, pensez vous qu »il est utile vu la situation à tout point désastreuse de votre pays, d’augmenter le nombre des formations politiques?

AGD :Contrairement aux affirmations de mes détracteurs, j’ai mis en place sous le régime de Bozizé à la suite de mon retour au pays après 11ans d’absence, l’Association Espoir et Avenir pour vivre le quotidien de mes concitoyens, et aider les plus démunis. En décidant de créer L’URCA, je fais une offre aux Centrafricains, pour faire la politique autrement. Déjà, le parti est en création. Cela veut dire qu’il y a une Assemblée constituante qui va se réunir.

Il y a des discussions qui vont avoir lieu sur le projet et sa philosophie. Donc, ce serait prétentieux de ma part de relater ce que le parti va faire, parce que je ne suis qu’un individu ; un parti, c’est un groupe d’individus. Donc, il faut qu’il y ait cette Assemblée constituante, que les membres fondateurs disent quelle est la philosophie du parti, et qu’on ait une ébauche du projet de société qu’on va proposer aux Centrafricains, en termes de nouvelle offre politique.

 CL: Vous êtes le premier candidat déclaré à la présidentielle, la situation chaotique de votre pays où l’État n’existe plus que de nom nécessite d’après plusieurs experts, une reconstruction avant de penser aux échéances électorales, regrettez vous cette déclaration?

 AGD:Non, je ne vois pas pourquoi je la regretterai, puisque je suis ma logique, j’ai déclaré que je serai candidat à la prochaine élection présidentielle, je suis en train de rentrer en République Centrafricaine, où je compte mettre en place une plate forme politique qui sera une nouvelle offre pour les centrafricains.

Vous savez la conquête d’un pouvoir se bâtit sur des années, cela ne se bâtit pas sur des mois donc le fait que je le fasse maintenant, j’aurai pu le faire il y a un an, deux ans ou trois ans, mais j’ai préféré patienter parce que la conquête des électeurs est quelque chose qui prend du temps, c’est un travail de patience.

Je le fais maintenant par respect pour les électeurs, car si vous déclarez votre candidature seulement à quelques jours des élections, c’est comme s’ils étaient à votre disposition, ce faisant vous leur manquerez du respect. C’est pour cette raison que j’ai décidé de commencer tôt pour conquérir les électeurs un à un, pour avoir le temps d’en prendre soin et qu’ensemble qu’on puisse faire des choses bien pour notre pays.

CL:Les accords de Libreville devraient semble t-il renforcer les pouvoirs du premier ministre.Me Tiangaye on le sait est totalement transparent d’après le microcosme centrafricain, que feriez vous pour sauver votre pays si vous étiez à sa place?

 AGD: Ce ne sont pas les questions d’accord qui posent problème, c’est ce qu’on fait sur le terrain qui compte. Je ne sais pas s’il est transparent et je ne suis pas à sa place, je ne suis pas dans le gouvernement, c’est même plus simple, je ne suis pas à Bangui depuis plusieurs mois, j’ ai été premier ministre il y a plusieurs années. Si je l’étais actuellement, en fonction des difficultés j’aurai pu vous dire ce que j’aurai pu faire, mais je ne peux pas aujourd’hui dire ce que j’aurai pu faire à la place de quelqu’un d’autre.Je pense simplement qu’il faut encourager notre premier ministre à aller plus loin dans les mesures qui vont apporter la paix, et la sécurité dans le pays d’une part, et la préparation des différentes échéances électorales, d’autre part. Il faut plutôt l’encourager, c’est le sens que nous les hommes politiques devons donner pour ce pays. Il faut  l’encourager malgré les difficultés, pour l’aider à aller de l’avant en définissant 4 points: la sécurité, apaiser la situation sociale, rassembler les conditions d’un redémarrage de l’économie enfin de bien préparer les élections. Donc chacun de nous doit apporter une pierre pour l’encourager.

CL: L’actualité de ces derniers jours concerne Bossangoa, le fief du président déchu où se passe actuellement un début de guerre civile entre chrétiens et musulmans, d’après vous quelles sont les solutions à préconiser pour stopper cette spirale de la violence?

 AGD:  La situation dont vous décrivez est manifestement celle des personnes qui sont armées et qui font ce qu’elles veulent, sans avoir des instructions.Ce sont les centrafricains et les étrangers qui ont pris les armes et qui sèment le désordre et la désolation.

En face il y a quoi?Dans un pays normal lorsqu’il y a le désordre la gendarmerie et la police interviennent, mais notre situation est telle que l’armée et la gendarmerie par la force des choses avaient disparu. Les militaires avaient été désarmés, pourchassés et donc nous n’avons pas eu de répondant en face pour faire face à cette horde de voyous. Les forces de la FOMAC n’étaient pas en nombre suffisant pour s’attaquer à ces crimes.

C’est cette situation là qu’il faut corriger, ne devons faire en sorte qu’on soit en confiance vis à vis de nos forces de sécurité. Nous devons sans cesse réarmer nos forces de défense et leur redonner la place qu’elles méritent sur l’échiquier du territoire centrafricain et qu’elles fassent leur travail de maintient de l’ordre. En même temps vous voyez que les décisions ont été prises par l’union Africaine pour porter les forces au nombre de 3500, une fois qu’elles seront présentes, il y aura plus de moyens pour faire face à cette horde de bandits et quand, elles seront sous l’autorité des Nations Unies, il y aura plus de moyens d’agir .

La RCA est en train de vivre une situation extrêmement terrible, et c’est par une réorganisation des anciennes forces de sécurité, leur renforcement par un appui extérieur fort que nous pouvons mettre fin aux agissements de ces voyous. Si cela n’est pas fait, notre pays ne fera que dégringoler dans l’abîme, tant que cela n’est pas fait, l’économie ne pourra pas redémarrer, tant que cela n’est pas fait, l’administration ne pourra pas se réorganiser, et il n y aura jamais élection, et la RCA ne sera pas un pays normal où le vivre ensemble sera possible. Cela ne peut passer que par une confiance à nos soldats, à nos forces de la gendarmerie et de la police et un appui des forces armées extérieures.

CL: Qu’est ce qui vous différencie des autres politiciens Centrafricains? Allez vous tourner le dos à la jeunesse comme vos pairs ont toujours procédé?

 AGD: Ce serait prétentieux de ma part de dire que je suis différent des autres , ce que je sais faire, c’est présenté une offre nouvelle, une offre différente, une politique différente aux centrafricains. Ce n’est pas moi qui suis différent, nous sommes tous des êtres humains avec nos qualités et nos défauts. C’est l’offre politique, la manière de gérer l’État qui doit être différente, c’est ce que j’appliquerai vis à vis de mes compatriotes avec les hommes et les femmes qui accepteront de m’accompagner.

 CL: Vous êtes victime d’un acharnement médiatique ces derniers temps sur certains médias et les réseaux sociaux, que répondez vous à vos détracteurs

AGD: J’ai toujours dit qu’on devrait faire la politique autrement. Nous nous plongeons sans cesse dans la violence inutile, la politique ne doit pas se faire de cette façon, on a cherché à nuire à ma réputation en m’attribuant un surnom inventé de toutes pièces par des gens qui veulent perpétuer la politique dans la haine.
Nos ainés ont fait de la politique dans la violence verbale et la haine. Cela a conduit notre pays dans des désordres de tout genre pendant près d’une vingtaine d’années et depuis peu, dans le chaos.
La nouvelle génération d’hommes politiques que nous représentons doit en tirer des leçons et changer d’approche.Le monde entier nous observe et nous juge. La compétition politique n’est pas la guerre, notre pays a besoin des dirigeants modernes et ouverts.

 CL: Vous êtes économiste de formation, vous avez occupé des hautes fonctions parmi lesquelles, les postes de premier ministre et du président de la BDEAC, qu’avez vous mis à profit de votre pays lors de vos passages à la tête de ces institutions?

 AGD:Vous savez quand on gère une responsabilité, on doit le gérer en fonction des circonstances et des difficultés du moment, la question est de savoir dans quel contexte on accède à certaines fonctions et en fonction de celui-ci qu’est ce qu’on fait pour faire évoluer, et le contexte, et l’État.

Donc vous êtes journaliste vous avez le loisirs de vous pencher sur l’histoire du pays et de voir qu’est ce que le ministre de finances que j’étais, a réalisé comme résultat à l’époque et qu’est ce que le premier ministre que j’étais a apporté. Quant à la banque de développement je pense que vous le voyez bien, c’est une banque qui n’intéressait personne auparavant, personne ne parlait d’elle et aujourd’hui elle est présentée comme une institution phare de la CEMAC.

Vous avez vu qu’à l’époque quand il a fallu redistribuer les postes lors d’un sommet à Brazzaville, la présidence de la BDEAC a intéressé tout le monde, aujourd’hui on parle de cette banque pour tous les problèmes liés au financement sous régional, il a bien fallu que quelqu’un fasse du travail et donc je suis assez fier de ce que j’ai fait à la tête de cette banque même si tout n’a pas été rose. Je ne vous donnerai pas une liste de réalisations précises, je pense que vous avez tous les moyens qu’il faut pour vous renseigner et savoir ce qui a été bien fait et ce qui n’a pas été réalisé.

Interview réalisée à Paris par Wilfried Maurice SEBIRO

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