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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 21:12

Madame Gertrude Zouta: «La discrimination positive n’y existe pas»
(Journal de Bangui 12/07/2011)


Elle est la Secrétaire générale de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) de la République Centrafricaine.

Quel a été votre parcours jusqu’à la Chambre de Commerce de la République Centrafricaine?
Après avoir obtenu mon baccalauréat B au Lycée Pie-XII, j’ai poursuivi mes études en France à l’Institut d’Etudes des Relations Internationales ou j’ai obtenu un Diplôme d’études supérieures (DES) et un Diplôme supérieur de recherches (DSR), option «Economie et Commerce International». Je me suis perfectionnée ensuite à l’Université de Pittsburg/Pennsylvanie aux USA en planification, Management et Evaluation des Projets de Développement, puis au Japon dans le domaine de la Gestion des informations industrielles et financières. J’ai démarré ma carrière professionnelle en Avril 1987 à la CCIMA de Centrafrique ou j’ai occupé successivement les postes de: Chef de service des Relations publiques, Directrice des Affaires industrielles, commerciales et artisanales puis de Secrétaire générale de la CCIMA. Dans le domaine de la formation professionnelle, je me suis perfectionnée dans la Création, le développement et la gestion des entreprises, la réalisation d’Etudes, la promotion des PME, le Management des structures intermédiaires et dans les domaines du Commerce intérieur et du commerce international.

Depuis quand a été créée cette Chambre de Commerce et quelles sont ses principales activités?
Dans sa forme juridique actuelle, la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) existe depuis 1980. Mais ses origines remontent à 1911 et depuis lors, elle n’a cessé d’œuvrer pour le développement du secteur privé en République Centrafricaine. Institution publique, la CCIMA est investie d’une mission d’intérêt général et a connu plusieurs mutations contextuelles, en gardant le même intérêt à savoir, défendre et sauvegarder les intérêts des opérateurs économiques dans les domaines du Commerce, de l’Industrie, des Mines, de l’Artisanat et des Services. Ayant compétence sur toute l’étendue du territoire, la CCIMA assure: les missions d’intérêt économique, les missions de représentation auprès des pouvoirs publics ‘mission d’interface entre le secteur privé et l’Administration), les missions de services publics. La CCIMA est dirigée par un Bureau composé de Chefs d’Entreprises et est présidée par M. Robert Ngoki, Président-Directeur Général de GACOA-SIV.

A quoi ressemble le tissu économique Centrafricain?
Le tissu économique centrafricain est composé d’Entreprises du secteur formel et de celles du secteur informel.
Les entreprises du secteur formel sont composées de: Grandes entreprises (20%) qui sont pour la plupart des succursales d’entreprises multinationales et qui contribuent pour environ 80% aux recettes fiscales de l’Etat; PME et toutes petites Entreprises dirigées majoritairement par des nationaux (80% des entreprises du secteur formel).
Les entreprises du secteur informel sont pourvoyeuses de meilleurs emplois mais ayant une durée de vie limitée (6 à 12 mois) alors que ceux du secteur formel sont à l’origine de la création de plus de 25.000 emplois venant juste de l’Administration.
Le secteur industriel est embryonnaire alors qu’il y a une forte expansion du secteur des services, en particulier dans le domaine des NTIC. Les produits traditionnels d’exportation sont le Café, le Coton, le Bois, les produits miniers en particulier le diamant qui fait partie des meilleures qualités au monde.

La Chambre de Commerce avait un temps sombré avant que sa restructuration ne soit entreprise, qu’est-ce qui a été à l’origine de cette descente aux enfers?
Pendant près de quinze (15) ans, la CCIMA a connu une crise institutionnelle qui s’est traduite par la nomination des dirigeants en lieu et place des élus; ce qui a conduit inéluctablement à un manque d’intérêt de la part de ses ressortissants que sont les entreprises qui ne se reconnaissaient plus en elle. L’éclatement de son patrimoine immobilier et la baisse drastique de ses ressources, financières et humaines ont aggravé cette crise. Ainsi, pendant une quinzaine d’année, la CCIMA a été dirigée soit par des bureaux provisoires soit par des Comités Ad-hoc. Les élections organisées en Février/mars 2009 par le Gouvernement, avec l’appui financier des partenaires au développement ont mis un terme à cette période trouble. La CCIMA, avec une nouvelle Assemblée Générale élue, un Bureau exécutif élu, est entrée dans une phase de redynamisation, avec un budget en hausse, s’est dotée d’un Plan d’Actions pour la mandature 2009-2013 et est entrain de réhabiliter l’immeuble consulaire construit en 1935, avec le concours du gouvernement et des partenaires.

Institution publique à caractère privé et composée dans sa globalité de chefs d’entreprises du secteur privé, quelles sont les relations de la Chambre avec le gouvernement centrafricain?
La CCIMA est un démembrement de l’Etat au service du secteur privé. De ce fait, le gouvernement a affiché clairement sa position de se désengager de la gestion de la Chambre consulaire. Par conséquent, la CCIMA est dirigée par des chefs d’Entreprises pour la promotion du secteur privé. Elle joue un rôle d’interface entre les Pouvoirs publics et le secteur privé, rôle qui par moment peut la placer dans une position délicate sur certaines questions touchant la vie des entreprises. Ses principaux interlocuteurs sont le ministère du Commerce et de l’Industrie, département de tutelle et le Ministère des Finances et du Budget qui pour le compte du Gouvernement met à sa disposition des ressources afin de lui permettre de remplir sa mission. En effet, les relations peuvent parfois être difficiles sur certaines questions. Mais le Chef de l’Etat a toujours une oreille attentive envers le secteur privé.

Est-ce difficile pour une femme d’évoluer dans un milieu d’hommes et pourquoi?
Il est toujours difficile pour une femme d’évoluer, dirais-je de percer dans un milieu principalement masculin comme c’est le cas pour le monde des affaires. La «discrimination positive» n’y existe pas. Seul le travail permet à la femme d’évoluer dans ce milieu. Et elle doit travailler deux fois plus pour que l’on reconnaisse ses valeurs, pour qu’elle s’impose, et surtout pour qu’on l’accepte. Et ce fut mon cas. Je suis arrivée au Secrétariat général de la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat (CCIMA), il y a quelques années, à une période ou j’étais la seule femme à occuper ce poste dans la sous-région. Je suis la Première femme à occuper le poste de Secrétaire générale d’une Chambre consulaire en République Centrafricaine. C’est un honneur, mais cela a été le résultat de durs labeurs. Et j’en suis fière, surtout que les difficultés ont été présentes durant tout le long de ma carrière. Mais, il faut savoir contourner les obstacles pour avancer, sans frustrer ses collaborateurs surtout, lorsqu’il s’agit de supérieurs hiérarchiques.

Quelles sont les perspectives à court, moyen et long terme de la nouvelle équipe dirigeante de la Chambre de Commerce?
La nouvelle équipe dirigeante de la CCIMA est arrivée pleine d’ambitions pour la redynamisation de la Chambre Consulaire en vue de la mettre réellement au service des opérateurs économiques. C’est ainsi qu’un Plan d’Actions comprenant une trentaine de projets à mettre en œuvre sur la période 2009/2013 a été adopté. Les difficultés d’accès des nationaux au crédit bancaire pour le financement de leurs projets et pour le développement de leurs activités ont conduit le Président de la CCIMA à entamer des négociations avec diverses institutions financières sous-régionales et internationales (BDEAC, SFI….) C’est ainsi qu’un programme de Financement et de formation destiné aux opérateurs économiques, exécuté par CENAINVEST, une société d’investissement et de capital risque, appuyée par la SFI sera mise en œuvre sous peu. La formation des opérateurs économiques constitue également une préoccupation pour les dirigeants de la CCIMA. C’est ainsi que des négociations avec la BAD ont permis d’appuyer la CCIMA pour la formation des opérateurs économiques dans divers domaines (Gestion, Marketing, Comptabilité, Informatique…), sur la période 2011-2014. Deux études de faisabilité vont être réalisées avant la fin de l’année 2011 pour la relance des activités du centre de formation et de perfectionnement de la CCIMA, et sur les filières de formation… Enfin, il est prévu de réaliser une étude de faisabilité pour la création d’un Centre agrée afin d’accompagner les toutes petites entreprises du secteur informel à intégrer progressivement le secteur formel.

Par Fleury Koursany - 12/07/2011

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